I doubt if anyone of you heard about the "local" mobile phone Bi-Bop
Bi-Bop, le big flop de France Télécom
Par Delaroche Philippe,publié le 25/09/1997 à 00:00
L'opérateur s'apprête à mettre un terme à la peu juteuse aventure de son premier sans-fil. Dans la plus grande discrétion
Octobre 1991. France Télécom annonce le démarrage à Strasbourg de Bi-Bop, une expérience-pilote de téléphone sans fil en ville. Objectif: 500 000 abonnés d'ici à la fin de 1995. «Plusieurs millions» en l'an 2000. La commercialisation «en grand», à Paris, date du printemps 1993. Il est alors prévu de l'étendre aux grandes villes de province. A cette époque, l'investissement s'élève à 250 millions de francs, et France Télécom pense équilibrer l'affaire avec 150 000 abonnés en trois ans.
Dans un premier temps, Bi-Bop suit une courbe ascendante. Mais qui n'a rien à voir avec le triomphe annoncé, malgré des baisses de prix successives sur le terminal, passé de 1 890 à 990 F. De plus, la tendance s'inverse à partir de 1996, l'année du boom des téléphones mobiles. En mars 1996, France Télécom comptabilise 92 000 abonnés. Douze mois plus tard, ils ne sont plus que 65 000. Au 31 août 1997, la baisse se confirme: à peine plus de 50 000 utilisateurs.
Comment en est-on arrivé là? Fin 1991, la radiotéléphonie est sur le point d'être lancée. France Télécom a sa licence GSM depuis mars 1991, mais en France ni opérateur public ni constructeurs ne sont matériellement prêts. Le réseau Bi-Bop semble offrir un compromis, seulement il est boiteux: si l'appareil peut émettre des appels à 300 mètres d'une borne radio, il ne peut en recevoir. Autrement dit, France Télécom ne propose que la moitié d'un téléphone, la seconde moitié, l'option Bi-Bop Réponse, n'étant prévue que six mois plus tard, et avec un coût supplémentaire. Voilà pour la précipitation.
Mais c'est surtout par présomption qu'ont péché les polytechniciens de France Télécom. Le jour où British Telecom mettait en sommeil une expérience similaire - Phone-Point - France Télécom se vantait de relever le défi en étrennant son Bi-Bop à Strasbourg. Les Britanniques, disait-on, s'y étaient pris comme des manches.
A l'arrivée, le bilan est assez lourd. Réseaux, gestion de réseaux: Bi-Bop a nécessité un investissement de 400 millions de francs. Sans lendemain, car que faire d'infrastructures qui obéissent à une norme (CT 2/CA) désormais tombée en déshérence? Les hauts responsables de France Télécom ne sont pas plus diserts sur l'avenir de Bi-Bop que les conseillers en agence clientèle. Les terminaux ont disparu des vitrines, de même que les prospectus, datés de mai 1995, ont quitté les présentoirs.
Il est aisé de «zapper» un produit, il est malaisé de zapper la population qui l'a adopté. Pour Michel Bon, président de France Télécom, pas d'autre issue que d'assurer la maintenance du service tout en s'efforçant d'orienter les bi-bopeurs vers le réseau Itineris... dont le développement doit beaucoup aux enseignements marketing tirés de l'engouement puis de la désaffection suscités par le Bi-Bop.